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« TOUTES ET TOUS ÉGAUX » : 5 ANS POUR FAIRE ÉVOLUER L’ENTREPRENEURIAT FÉMININ

À la veille de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars dernier, la Première ministre a annoncé le déploiement d’un plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes, grande cause des deux quinquennats du Président de la République. Le plan égalité 2023 – 2027 se donne ainsi pour objectif de soutenir 4 axes :  la lutte contre les violences faites aux femmes, la santé des femmes, la culture de l’égalité et enfin l’égalité professionnelle et économique. Focus sur ce dernier axe.   

« Toutes et tous égaux », tel est le mot d’ordre de ce plan.

Ce plan fait suite au constat plutôt alarmant de certains chiffres publiés sur l’entrepreneuriat féminin. En France, seulement 32% des entreprises sont créées par des femmes et si ce chiffre évolue en fonction des secteurs d’activités, il ne dépasse jamais les 50%. Parmi les secteurs où les femmes entrepreneures sont les moins bien représentées, nous retrouvons l’innovation (10%), le numérique (9%) et enfin la robotique (2%).

Selon le baromètre établit par le collectif Sista et BCG, au rythme actuel, il faudrait attendre 2090 pour atteindre la parité dans l’entrepreneuriat en France.

Egalité professionnelle et économique, quelles mesures ?

Un des cinq objectifs de cet axe est de soutenir les femmes qui entreprennent. Comme le mentionne le plan interministériel, « il devient essentiel de susciter des vocations d’entrepreneures, pour rétablir une parité chez les dirigeants d’entreprises ». Aussi, le plan prévoit de :

  • Renforcer l’accompagnement des femmes dans leur démarche entrepreneuriale

Pour répondre à cet objectif, le programme « une entrepreneure, une mentor » sera déployé. Ce dernier permettra aux créatrices d’entreprises d’être suivies en ligne par une ou un mentor pendant une durée d’un à deux ans, et ce, gratuitement. Le délai de mise en œuvre de cette mesure est fixé à 2024 et les modalités de participation n’ont pas encore été dévoilées.

Chaque femme souhaitant reprendre une entreprise se verra proposer un accompagnement par un réseau dédié à la création et/ou reprise d’entreprise. Une plateforme sera par ailleurs créée afin de recenser les femmes entrepreneures et les femmes expertes, chargée de la promotion de l’entrepreneuriat auprès de tout public.

Adhérer à un réseau a un coût financier et c’est parfois un frein pour les entrepreneures. C’est pourquoi, le plan prévoit de systématiser l’information sur la possibilité pour les créatrices d’entreprises de faire financer leur adhésion à un réseau d’entrepreneurs.

  • Garantir un meilleur accès aux financements

Depuis 2008, seulement 2% des levées de fonds sont attribuées à des femmes entrepreneures et quand elles font partie de ce faible pourcentage, elles reçoivent deux fois et demi moins d’argent qu’un homme. Aussi, 42% des femmes perçoivent une difficulté dans l’accès au financement contre 17% des hommes.

Pour pallier ce problème, le plan interministériel prévoit entre autres de « sensibiliser les fonds d’investissement et les banques attribuant des financements aux start-up à la question de l’éga-conditionnalité[1] ».

Également, pour les créations, reprises ou développements d'entreprises agricoles par des femmes, le plan prévoit d’ouvrir l’accès à la Garantie Egalité Femmes[2] portée par France Active.

Pour les territoires ultra-marins, des « solutions de proximité et numériques visant à accompagner les femmes dans leur création d'entreprise » sont évoquées sans plus de précisions quant à la mise en place de ces solutions.

  • Mesurer les écarts de représentation entre les femmes et les hommes

Afin de mesurer les écarts entre les femmes et les hommes dans l'entrepreneuriat, le plan prévoit de créer un baromètre annuel de l’entrepreneuriat des femmes qui permettra notamment d’examiner les causes – notamment financières – de ces écarts.

L’égalité : le gouvernement est déterminé à mener ce « combat jusqu’au bout »

Malgré une place de 6ème sur 31 pays en 2017[3] en matière d’accessibilité à la création d’entreprise pour les femmes, l’égalité entre les femmes et les hommes en France se traduit comme un « combat » qui « continuera jusqu’à ce que l’égalité ne pose plus de questions »[4].

Ce dernier est notamment mené par Isabelle Lonvis-Rome, Ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, qui déclare que : « cette vie professionnelle doit pouvoir offrir aux femmes les mêmes opportunités et les mêmes rémunérations qu’aux hommes. Il n’est pas acceptable que des jeunes filles s’autocensurent pensant que telle filière ou tel métier n’est pas accessible. C’est pour cela que ce plan déploiera des mesures concrètes pour tendre vers l’égalité économique et professionnelle, nécessaire pour atteindre une égalité pleine et réelle ».

Un comité interministériel dirigé par la Première ministre sera par ailleurs créé afin de suivre la mise en œuvre de ce plan et son avancement au fil des années. Si le plan égalité 2023 – 2027 présente dans les grandes lignes les objectifs du Gouvernement en matière d’égalité entre les femmes et les hommes et les différents moyens réfléchis pour les atteindre, il ne s’agit pour le moment que d’annonces.

Il ne reste plus qu’à voir comment les centaines de mesures évoquées dans ce plan[5] vont être mises en place et si elles porteront leurs fruits.

Les ressources déjà en vigueur

En attendant l’implantation de ces mesures, les femmes entrepreneures peuvent toujours s’appuyer sur des ressources existantes telles que :

  • Les réseaux féminins: avec près de 500 réseaux en France, il en existe un pour chaque femme (Sista, Business O Féminin, Action’elles, Financi’Elles…[6])
  • Les incubateurs : Les Premières, Women Initiative Foundation, Femmes Business Angels, …
  • Les concours : Créatrices d’avenir, Les audacieuses, Be A Boss, …
  • Les évènements : Be A Boss Tour, la Journée des femmes entrepreneures (salon SME), journée de la femme digitale, …
  • Les aides : La Garantie Egalité Femmes, le prêt d’honneur Initiative France, Wom’energy, NACRE (Nouvel Accompagnement pour la Création ou la Reprise d’Entreprise), …

 

Toutes ces actions œuvrent avec le même objectif : celui de soutenir les femmes entrepreneures et rétablir une parité chez les dirigeants d’entreprises. Malgré tous les outils et dispositifs d’aides qui existent en France, il est malheureux de constater que l’écart entre l’entrepreneuriat féminin et masculin persiste en 2023. En effet, « Dans un monde qui bouge, rien ne bouge pour les femmes entrepreneures, ou en tout cas, pas assez vite ». C’est le constat qui a été fait lors du 3ème baromètre Bold by Veuve Clicquot[7] sur l’entrepreneuriat féminin et qui s’avère représentatif de la situation actuelle. En preuve, déjà quatre mois que le plan interministériel a été annoncé et toujours rien ne se profile à l’horizon…

 

 Article rédigé par Marie Simon, Chargée de communication.

 

[1] Démarche qui consiste à conditionner l’accès à certains avantages (financiers, fiscaux, contractuels, etc.) à la mise en place de mesures concrètes pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. (Women Today)

[2] Tous les détails de la Garantie Egalité Femmes sur le site de France Active.

[3] Étude dirigée par Ruta Aidis, conseillère en matière de croissance économique et d'égalité entre les hommes et les femmes

[4] Propos d’Elisabeth Borne https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/sites/efh/files/2023-03/Plan_interminist%C3%A9riel_pour_l%E2%80%99%C3%A9galit%C3%A9_entre_les_femmes_et_les_hommes_2023-2027_2.pdf ; p4

[5] Retrouvez l’ensemble du plan et ses mesures ici

[6] Retrouvez l’annuaire complet des réseaux féminins dans l’ouvrage « 500 Réseaux femmes pour booster sa carrière »

[7] Retrouvez la page de l’évènement ici

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