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V. DEBUE, CRÉATRICE D'UNE MUTUELLE COMMUNALE, AUX RENCONTRES DE SÉGOLÈNE : LE GOUT DES AUTRES

 

Ce portrait a été réalisé le 11 mars 2016 à l'occasion des "Rencontres de Ségolène" qui sont des dîners de femmes destinés à créer un temps de rencontre et de partage autour d'une personnalité qui livre son parcours de vie dans sa globalité.

 

Femme de combat et d’engagement, Véronique Debue met, depuis toujours, son sens de l’écoute et sa capacité d’indignation au service des autres et de leurs besoins. Portrait d’une empathique acharnée.

Par Caroline Castets

S’il y a bien une chose qu’il faut savoir concernant Véronique Debue, c’est qu’elle n’a jamais été très portée sur le tricot. C’est une chance. Car lorsqu’on l’interroge sur ses choix de vie, elle répond: « C’était tricoter ou aller au combat. Et moi, je n’ai jamais su tricoter ». Ca sera donc le combat. Pas celui que l’on met au service d’un plan de carrière ou d’une quelconque ambition personnelle - pour ceux-là, elle reconnaît avoir toujours « manqué de temps » - mais celui que l’on engage par simple conviction et que l’on mène au nom des autres. Ce qu’a fait Véronique – seconde adjointe en charge des affaires sociales de Caumont-sur-Durance, dans le Vaucluse - en lançant, il y a quatre ans, un projet de mutuelle communale qui, au terme de douze mois de lutte, devait déjouer tous les pronostics et aboutir fin 2013, plaçant sa commune sous les feux médiatiques et permettant à plus de 400 foyers d’accéder à des soins qui leur étaient jusqu’alors interdits.

Aux félicitations qui affluent, Véronique répond simplement qu’elle a fait ce qu’on attendait d’elle, omettant d’ajouter qu’elle a surtout fait ce qu’elle faisait depuis toujours :

  écouter les autres, entendre leur souffrance et s’employer à y apporter une réponse. Un penchant naturel proche de l’addiction chez celle qui, bien avant d’accéder au statut d’élue de la nation, bien avant, même, d’accéder à celui d’adulte, a appris à faire des autres sa priorité,

la vie s’étant très tôt chargée de lui inculquer le goût de la lutte et le sens des responsabilités. Celui de l’empathie pour autrui et de la résilience pour elle-même.

NI INSOUCIANCE, NI LEGERETE

A l’origine de ce grand écart, une enfance « compliquée et chaotique » au cours de laquelle Véronique fait « l’expérience de la solitude » - elle, la petite dernière d’une fratrie de quatre…-; Celle de la peur aussi. D’abord pour une mère « vulnérable et en détresse », puis pour elle-même, enfin pour un père « à préserver absolument ». Ce père rugueux et aimant à la fois, persuadé d’être en sursis suite à une lourde blessure de guerre et qui la pousse à « tout faire vite » - grandir, travailler, s’assumer…- dans la perspective de sa disparition prochaine. Là encore, pas le temps d’être frivole, égoïste, ou même en colère. Son père le lui répète suffisamment : dans la vie, on ne se plaint pas, on ne demande pas d’aide ; « On marche ou on crève ». Véronique va marcher. Se frayer un chemin dans ces années d’apprentissage avant l’heure qui, se souvient-elle, la feront grandir  « en décalage » par rapport aux autres - « sans insouciance ni légèreté » mais avec le souci croissant des autres. Surtout lorsque, par la force des choses, elle se retrouve en pension dans un foyer de la DDASS. Elle y apprend la loi du plus fort, y perçoit les manques, les attentes. Elle depuis toujours habituée à taire ses souffrances développe «une hyper-conscience de celles des autres ». Une capacité à s’indigner pour des causes étrangères à la sienne qui, en 5eme, lui vaut à elle, la discrète installée en fond de classe « pour être tranquille », d’être propulsée chef de classe par des camarades qui, déjà, ont compris : « Toi, tu sauras nous défendre ». 

Effectivement, défendre les autres, Véronique sait faire. De cette faculté, elle va faire une force. Puisant dans son empathie et sa détermination l’énergie nécessaire pour refermer la porte sur une enfance pour laquelle elle « refuse de souffrir davantage. »

LA FEMME INDIGNEE

« J’aurais pu puiser dans cette période un désir de vengeance, rester bloquée sur mes blessures ou avancer. J’ai décidé d’avancer », résume celle qui, peu après, rencontre celui qui deviendra son mari et qui la « réconcilie avec la vie de famille ». Les enfants arrivent, deux garçons aujourd’hui âgés de 19 et 24 ans, et avec eux le désir de leur offrir une enfance heureuse et sereine ; « A l’opposé de ce que j’avais vécu ». Puis vient le déménagement près d’Avignon, le poste de commerciale dans une société de cosmétiques et en 2007, la rencontre, décisive, avec le maire de la ville qui lui propose de rejoindre sa liste électorale. Immédiatement Véronique y voit une opportunité : celle d’être utile. « J’ai accepté à la condition d’être en charge des questions sociales, le seul poste qui me permettrait d’agir en faveur des autres. »

En 2008, c’est chose faite. La voilà propulsée adjointe aux affaires sociales et vice-présidente au CCAS (Centre communale d’action sociale), deux postes d’observation privilégiés sur la réalité sociale d’une partie de la population locale, sur l’isolement de certains, l’absence d’écoute et de contact. Pour parer au plus pressé, elle crée Echappée Belle, un service d’animation pour tous, et jumelle les CCAS de deux communes pour « créer du lien et offrir une ouverture ». C’est un début, mais pour Véronique, cela ne suffit pas. Quatre ans plus tard, alertée par l’afflux de courriers d’administrés en appelant à l’aide de la commune pour se soigner et par la situation de son propre fils ainé qui, victime d’un grave accident de la route, lui fait prendre conscience des difficultés des étudiants en matière de dépenses de santé, elle lance l’idée d’une complémentaire locale devant permettre à tous d’accéder aux soins. Les réactions ne se font pas attendre face à un projet que beaucoup qualifient d’utopie. Qu’importe. Son père lui a appris à « ne pas plier, à oser, à assumer. » Elle persiste ; Crée un comité de pilotage composé de spécialistes issus de la société civile (opticiens, médecins, dentistes, avocats et même son fils qui, à tout juste 20 ans, « veut déjà aider »…) à qui elle propose, tout simplement, de « réaliser l’impossible ». Trois ans plus tard, Véronique se souvient de ces nuits blanches, de ces convictions partagées, de cette volonté commune de relever le défi. 

« Ce n’est pas une élue qui est partie au combat, souligne-t-elle. C’est une femme indignée qui a agi avec l’aide de la société civile, pas du politique ! ».

Et cette indignation paye. Un an plus tard, le 25 septembre 2013, le contrat – négocié à tarif très préférentiel - est opérationnel. Des centaines de foyers vont y souscrire. Le succès est total mais pour Véronique il a un prix.

ETRE UTILE

A la satisfaction d’avoir mené ce combat pour les autres s’oppose désormais la réalité de ses propres difficultés ; celles que, des mois durant, elle a mises « entre parenthèse » et qui, soudain, la rattrapent. Anémiée, épuisée physiquement et émotionnellement, elle est au bord de la rupture. « Mener ce projet à son terme s’est avéré très éprouvant, se souvient-elle. Avec la couverture médiatique les appels à l’aide se sont multipliés, la pression est devenue considérable : la peur de décevoir ceux qui avaient mis tant d’espoirs en moi mais aussi le fait de recevoir la détresse des autres au quotidien m’ont vidée. »

Au point de l’emmener à ignorer les signaux d’alerte qui, au fils des mois, se multiplient. La dégradation de ses conditions de travail, ses difficultés financières, sa santé qui, en huit jours, périclite lorsqu’elle frôle la septicémie… Toutes ces réalités reportées à plus tard au nom d’autres urgences. Celles des autres, une fois encore. « Venir en aide aux personnes en difficultés a été mon grand combat, j’en ai fait une priorité », résume celle qui, quelques mois après avoir relevé le défi de la « mutuelle pour tous », passait son réveillon à annoncer à certaines familles défavorisées de sa commune qu'ils venaient de leur être attribuer un logement social. S’acharnant, une fois encore, à sortir les gens de la précarité sans se rendre compte qu’elle-même était en train d’y glisser. Face au paradoxe, Véronique sourit. « Que voulez-vous, je n’ai pas appris à m’occuper de moi ». Une carence de taille, il est vrai, à laquelle s’ajoute une réalité incontournable : Sa combativité, son équilibre même, Véronique les puise dans son souci des autres. « C’est pourquoi je fais passer leurs besoins avant les miens. C’est pourquoi je veux aider. Etre utile. » Tout simplement.  

 

A VOS CONTACTS…

Véronique le dit elle-même : elle n’a jamais appris à s’occuper d’elle, pas plus qu’elle n’a été habituée à demander de l’aide. C’est pourquoi nous nous permettons aujourd’hui de le faire pour elle. Sa situation professionnelle s’étant dernièrement dégradée au point de la placer au bord de la précarité, nous en appelons à vos réseaux, conseils et contacts pour permettre à cette battante de rebondir et de trouver enfin un poste à la mesure de son engagement et de son talent. Elle qui a mobilisé tellement d’énergie pour les autres mérite bien qu’à notre tour, on lui tende la main. A toutes celles qui le pourront, merci. Coordonnées et CV sur demande.

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