TELETRAVAIL EN TEMPS DE CRISE : NOTRE RETOUR D’EXPERIENCE
Si beaucoup d’étudiants ont dû faire face à l’annulation ou le report de leurs stages en raison de la crise sanitaire du COVID-19, ce n’est pas pour tous. Certains ont en effet dû s’adapter à une nouvelle méthode de travail : le télétravail. Comment les étudiants ont-ils appréhendé cette nouvelle organisation inédite pour la majorité d’entre eux ?
Nous vous proposons ici, en tant que stagiaires et alternant au sein du Cabinet Cohen Amir-Aslani, un retour sur cette façon de vivre cette période hors du commun.
Une délimitation entre vie professionnelle et vie personnelle parfois compliquée à distinguer
Etre en télétravail, c’est avoir un bureau en dehors du cabinet, dans un espace qui est normalement dédié à notre vie personnelle. Une des principales difficultés que nous avons relevée était ainsi de réussir à trouver le bon équilibre entre notre vie professionnelle et notre vie personnelle. Notre espace de travail se retrouvant brutalement mêlé à nos espaces personnels. Cet équilibre était particulièrement fragile au début de la période de confinement où nous avions tendance à rester constamment aux aguets aussi bien sur nos téléphones portables que nos ordinateurs, de peur de manquer un appel, un courriel, … Avec tous nos équipements à portée de main, il était également plus difficile de savoir quand s’arrêter de travailler. Cette difficulté était aussi liée au confinement en lui-même, dans le sens où nous ne pouvions pas sortir afin de marquer une pause, une rupture entre notre activité professionnelle et nos loisirs. Certes, il n’a pas toujours été facile de s’autolimiter. Fort heureusement, nous avons pu compter sur un manager qui a su nous préserver en nous faisant notamment des rappels à l’ordre lorsqu’il était temps de décrocher. Si nous avons eu cette chance d’être épaulés et suivis à distance, tel n’est pas le cas dans toutes les structures. A cet égard, le rôle du manager dans notre équilibre aura été primordial durant cette période.
Une organisation et méthodes de travail modifiées
Dans notre activité professionnelle nous sommes habitués à travailler en équipe et il ne se passe pas un jour sans que nous interagissions avec les membres du cabinet. Il est vrai que la matière juridique a besoin d’émulation entre les esprits pour faire naître les meilleures stratégies. Si le télétravail a modifié notre organisation et notre façon de communiquer, il n’a pas nui au travail d’équipe. En effet, avec tous les outils technologiques à notre disposition aujourd’hui, il a été très simple de remplacer nos réunions par des visioconférences et des appels réguliers, plusieurs fois par semaine, permettant de maintenir la cohésion du groupe. La communication a ainsi toujours été présente et le lien ne s’est jamais rompu avec les membres du cabinet. C’est notamment grâce à cette communication omniprésente que notre formation de stage ou d’alternance n’a pas été impactée car il y avait toujours une personne disponible pour répondre à nos interrogations et nous guider. Grâce aux outils technologiques nous avons pu continuer à réaliser nos missions, même si parfois, le manque d’efficience de nos outils techniques (comme nos connexions Internet, nos ordinateurs, …) pouvait nous ralentir.
Pour autant, malgré ces quelques désagréments d’ordre technologique, cela ne nous a pas empêché de particulièrement bien vivre cette situation exceptionnelle. En effet, nos premiers mois en présentiel nous ont permis de prendre nos marques, d’appréhender le mode de fonctionnement et la culture du cabinet. Aussi, il est indéniable que les échanges à distance ont été facilités par les liens que nous avions pu tisser avant d’être confinés mais cela n’aurait sans doute pas été le cas si nous avions commencé notre stage à distance.
Si aucun de nous n’a fait face à une baisse de motivation ou de performance, un constat s’est quand même fait ressentir : l’énergie de groupe en présentiel est un vrai moteur.
De plus, le cabinet est un lieu de travail très dynamique où les réunions informelles (telles que les petits déjeuners, les anniversaires, …), créant et renforçant un esprit d’équipe, sont très fréquentes. Avec le confinement, si nous n’avons pas vu de réelles différences sur le travail d’équipe, c’est cette vie de cabinet qui nous a manqué. Toutefois, des initiatives telles que les « goûters Zoom » ou un groupe Whatsapp faisant office de machine à café virtuelle, nous ont permis de maintenir le contact de façon plus informelle. Malgré tout, il est indéniable qu’à long terme, les interactions virtuelles ne suffisent pas à remplacer les interactions réelles.
Quel avenir pour le télétravail ?
Si le télétravail s’est imposé en ce qu’il est devenu la norme durant la période de confinement liée à l’épidémie, il se peut qu’à l’avenir bon nombre d’entreprises maintiennent en partie le télétravail. C’est à l’unanimité que nous estimons que la pratique du télétravail doit revêtir un caractère ponctuel, de l’ordre de quelques jours par mois. En effet, même si rien ne pourra jamais remplacer le contact humain, il est vrai que la souplesse offerte par le télétravail est appréciable, à titre occasionnel. A notre sens, communication quotidienne et équipements technologiques performants sont les clefs de la réussite ! Toutefois, cette expérience nous a démontré que l’interaction humaine reste indispensable en ce qu’elle participe de la cohésion de groupe et permet de renforcer les liens sociaux des membres du cabinet. A terme, nous plaidons largement en faveur du maintien du travail en présentiel tout en permettant le télétravail dit « alterné », permettant ainsi de profiter des avantages (gain de temps vis-à-vis des transports, flexibilité d’organisation, …) sans en subir les inconvénients (risque d’isolement social, manque de praticité, …).
Article rédigé par Adélaïde Hello, Elève-avocat, Jordan Le Gallo, Elève-avocat, Marie Lavaud, Juriste-stagiaire et Marie Simon, Alternante Chargée de communication.
